Une étude portant sur une thérapie génique destinée aux enfants atteints de la maladie de SanfilippoB, une maladie génétique rare, a été lancé en octobre chez un premier jeune patient. En cas de succès, ce procédé ouvrirait la voie à la mise au point d’autres traitements par thérapie génique.
Un essai de thérapie génique suscite de nombreux espoirs face au syndrome de Sanfilippo, une maladie génétique qui touche un enfant sur 100 000.
Cet essai est porté et coordonné par l’Institut Pasteur, qui en est le promoteur, ainsi que par l’Inserm, l’AFM-Téléthon et Vaincre les Maladies Lysosomales (VML). Il est mené à Paris, à l’hôpital Bicêtre (AP-HP).Une maladie génétique actuellement sans traitementLe syndrome de Sanfilippo est une maladie génétique rare et orpheline, qui touche environ un enfant sur 100 000. Il est dû à une mutation affectant les fonctions de digestion et de recyclage du lysosome, un des rouages de la machinerie interne des cellules. Le lysosome est communément appelé “centre de recyclage de la cellule“. Si son activité est réduite ou inexistante, les substances à éliminer s’accumulent dans les cellules qui vont progressivement s’engorger et entraîner le dysfonctionnement des organes concernés.Les premiers symptômes –hyperactivité, troubles du langage– se manifestent vers l’âge de 2 ans, pour évoluer ensuite vers une dégénérescence nerveuse, avec perte progressive de l’audition, de l’autonomie, et provoquer une mort prématurée le plus souvent avant 20 ans. Il n’existe à l’heure actuelle aucun traitement curatif ou symptomatique permettant de guérir ou de contrôler l’évolution de la maladie.Quatre sous-types – A, B, C et D – ont été recensés pour la maladie de Sanfilippo. Ils correspondent chacun à une déficience enzymatique différente. D’après les études européennes menées à ce jour, le sous-type A est majoritaire dans le nord de l’Europe, tandis qu’au sud, c’est le B qui est prédominant.L’espoir de la thérapie géniqueConcernant la maladie de Sanfilippo B, un nouvel essai clinique repose sur la mise au point d’un vecteur viral capable de délivrer aux cellules du cerveau l’un des quatre gènes pouvant être mutés chez les malades, correspondant à quatre enzymes essentielles du lysosome. L’apport du gène manquant doit permettre aux cellules de l’associer à leur ADN pour pouvoir produire l’enzyme faisant défaut.Le traitement consiste en plusieurs injections intracérébrales effectuées en différentes zones du cerveau. Il a été administré à un premier malade en octobre 2013 par les professeurs Marc Tardieu et Michel Zerah, respectivement du département de neuropédiatrie de l’hôpital Bicêtre (AP-HP) et du pôle de neurochirurgie pédiatrique de l’hôpital Necker-enfants malades (AP-HP).La construction du vecteur viral, produit par la société uniQure, repose sur une technologie innovante qui permet la production industrielle de lots d’une très grande pureté. Pour mémoire, uniQure a été la première entreprise à avoir reçu l’autorisation de mettre sur le marché en Europe un traitement de thérapie génique,
Glybera®.Des résultats attendus dans plusieurs annéesLe très jeune âge du patient (2,5 ans) constitue un atout dans les chances de succès de la thérapie. Trois autres enfants doivent être inclus dans l’essai au cours des prochains mois, grâce à la collaboration de l’association Vaincre les Maladies Lysosomales (VML).Compte-tenu de la progression lente de la maladie, il faudra attendre plusieurs années pour juger d’un éventuel effet bénéfique. L’espoir soulevé par cet essai réside également dans une potentielle utilisation élargie du vecteur : en cas de succès, il pourrait être exploité pour la mise au point d’autres traitements par thérapie génique, notamment pour certaines maladies neurodégénératives.Cette étude est le fruit de recherches collaboratives conduites depuis plus de 10 ans par l’équipe du Pr Jean-Michel Heard à l’Institut Pasteur (unité Biothérapies pour les maladies neurodégénératives, Institut Pasteur/Inserm U1115) en partenariat avec l’AFM-Téléthon et l’association Vaincre les Maladies Lysosomales (VML). David Bême Source : Communiqué conjoint Inserm-Institut Pasteur – AFM Téléthon – UniQure – Vaincre les maladies lysosomales – novembre 2013