Etrange tête-à-tête que celui auquel nous convie Louise Bourgoin. L’actrice réalise une belle performance, mais il ne s’agit point ici de cinéma. Il est question d’art, d’amour de l’art, de chefs-d’œuvres et de mystères qu’elle nous invite à percer. En compagnie d’Edwart Vignot, historien de l’art, Louise Bourgoin déshabille les grandes toiles du musée d’Orsay et nous invite à les regarder avec un œil nouveau.

C’est un gros livre, mais que l’on peut feuilleter aisément sans plier sous le poids des pages. Ce que l’on appelle vulgairement un Coffee Table Book. Le genre d’ouvrage que l’on laisse traîner négligemment sur sa table en verre, de préférence dessinée par un grand designer des années 1950. La couverture est explosive, presque violente, met en lumière un peintre méconnu du XIXe siècle, un certain Georges-Antoine Rochegrosse. La toile du Chevalier aux fleurs frappe par sa modernité et semble nous donner un signal: non, cet ouvrage sur Orsay n’est pas un énième ouvrage sur Orsay.

Le musée d’Orsay, institution mythique de la culture parisienne – mais si, vous savez, cette ancienne gare! – s’offre un virage radical. Rénovation du lieu, quitte à égarer les habitués des cimaises du musée. «Excusez-moi, je cherche l’Origine du Monde», pouvions-nous y entendre à l’époque de sa réouverture au public. Et ce livre co-écrit par l’actrice-artiste Louise Bourgoin et le journaliste-historien Edwart Vignot est aussi une façon de voir Orsay autrement. «Orsay mis à nu». Titre pompeux? A le lire on imagine toutes les beautés exposées par le lieu, toutes ses femmes et créatures dénudées transcendées par la peinture, la vision créatrice. Le nu est sublimé par le médium.

Car comment mettre à nu cet endroit foisonnant qui a su mettre en lumière les plus grandes œuvres de la fin du XIXe et du début du XXe siècle? En choisissant avec justesse des toiles aussi bien cultes que confidentielles, subtilement décrites par la plume poétique d’une Louise Bourgoin survoltée et fragile, répondant en écho aux détails précis de l’Histoire racontés par Edwart Vignot. S’il est parfait pour les néophytes, l’occasion de découvrir par bribes certaines œuvres et se réjouir de la beauté dans toute sa vérité, ce livre enthousiasmera aussi les amateurs aguerris, qui se délecteront de la vision de Mademoiselle Bourgoin.

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Loin des plateaux de cinéma, la jeune femme renoue avec ses amours, redevient Ariane, l’étudiante aux Beaux-Arts de Rennes qu’elle fut pendant cinq ans. Sans tabou. «J’ai le sentiment que le peintre a embrassé la peinture encore fraiche…», racontera-t-elle à propos de La Blonde aux seins nus de Manet. «Ce ne sont pas des traces de lumière. Les surfaces les plus claires sur sa peau ont été fraichement pressées par l’étreinte», semble-t-elle nous murmurer à propos d’une étude de Renoir. Pour clore l’ouvrage par une toile du génial Ingres – Jean-Auguste-Dominique – La Source qu’elle rebaptise non sans humour Femme Fontaine. Une source intarissable d’art et de sublime.

Orsay mis à Nu, de Louise Bourgoin et Edwart Vignot

Aux éditions Place des Victoires et Musée d’Orsay – 39,95€

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