Les négociations concernant l’accord de libre-échange entre l’Inde et l’Europe pourraient avoir d’importantes conséquences pour l’accès aux médicaments de milliers de patients vivant dans les pays en voie de développement. Pourtant, ces discussions importantes pour la santé mondiale ne font l’objet d’aucun débat public en Europe. Face à cette situation, des associations se mobilisent en Europe mais également en Inde.

Une grande manifestation à New Dehli
Selon l’association Act-UP, plusieurs milliers de personnes, parmi lesquelles des séropositifs, des usagers de drogues et des activistes, manifesteront le 2 mars à Delhi. Elles viendront de toute d’Inde, du Népal, de la Thaïlande, de l’Indonésie, des Philippines, et d’autres pays de la sous-région sud-est asiatique. Les manifestants protesteront contre les accords de libre-échange entre l’Inde et l’Europe qui vont altérer la capacité du pays à produire et exporter des génériques, remettant en cause l’accès aux soins dans le monde entier. Les manifestants demanderont à être reçus par leur gouvernement et par les représentants de l’Union Européenne à Delhi.
La manifestation sera suivie d’une conférence de presse à laquelle participeront le rapporteur spécial de l’ONU pour la santé Arnand Grover, et des représentantEs des associations organisatrices.Préserver la capacité de l’Inde à produire des génériquesL’Inde dispose d’une industrie de médicaments génériques de pointe et d’une législation qui lui ont permis d’être la pharmacie des pays pauvres ou émergents, en Amérique du Sud, en Asie et en Afrique. La mise en concurrence entre les médicaments de marque et les médicaments génériques au début des années 2000 a permis de réduire le coût des traitements à moins de 100 $ par an et par malade. Pourtant, seul un tiers des patients séropositifs ont accès à un traitement dans le monde. L’Inde est le premier producteur mondial de génériques. “Cette capacité à produire et exporter des génériques doit être préservée, la vie de millions de personnes à travers le monde en dépend“, souligne Act-Up.Droit des brevets vs accès aux traitements ?La commission européenne et l’Inde pourraient finaliser un accord de libre-échange au printemps 2011. Une nouvelle étape doit avoir lieu à la fin du mois de mars. La crainte des associations (dont Act-Up et Médecins sans frontières) et des patients des pays en voie de développement est que ce texte contienne des mesures qui pourraient rendre plus difficiles, voire impossibles, la production et l’exportation de génériques. L’Europe va vraisemblablement plaider pour un renforcement de la protection des brevets (extension de la durée des brevets au-delà de 20 ans, exclusivité des données…) et de la lutte contre les contrefaçons (suppression de la présomption d’innocence aux douanes, augmentation du nombre de saisies aux frontières, etc.). Ces dispositions qui peuvent avoir des conséquences importantes sur l’accès aux traitements des plus pauvres. Selon Act-Up, “des personnes vivant avec le VIH dans des pays pauvres ou émergents risquent de se voir privées de leur traitement, comme leur pays ne pourra plus se fournir auprès de l’Inde et sera contraint d’acheter des médicaments de marque, beaucoup plus chers. D’une façon générale, les progrès dans l’accès aux soins contre le

sida, le

paludisme et la

tuberculose seront remis en cause“. Ces trois pandémies tuent à elles seules 15 000 personnes par jour.Dans un communiqué conjoint, les associations Sidaction, Act-Up, Solidarité Sida, Solthis et Aides demandent que l’ensemble des mesures menaçant la capacité de l’Inde à produire et vendre des génériques soit immédiatement retirée du projet d’accord.David BêmeSources :Communiqué d’ACT-Up – mars 2011Communiqué inter-associatif – mercredi 2 mars 2011Photo :Manifestation de personnes vivant avec le VIH / Sida – New Dehli, 12 mars 2010 – MSF
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