Pour Julien Dray, la Toile est un exutoire. Dans un billet cinglant intitulé «A en pleurer», le Socialiste fustige Martine Aubry et dresse un réquisitoire sans concession de son action.
Martine au bal des casse-pieds? Victime des empêcheurs de tourner en rond, c’est sûr. Cette semaine, la première secrétaire du PS encaisse les coups. Après sa valse avec Manuel, c’est au son du clavier de Julien Dray que la «patronne» vacille et trinque. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le blog de «Juju» (son surnom chez les Socialistes) déménage. Envoyée sur les roses, la maire Aubry a encore les oreilles qui sifflent.
Contrairement à Valls, l’Hidalgo tiraillé entre fierté catalane et fidélité partisane, aucun enrobage du type «chère Martine» ne vient adoucir le propos. Caché derrière son écran, Julien Dray tire à bout portant sur notre férue d’opéra:«Martine Aubry a résumé et confirmé les grandes caractéristiques de son début de mandat: l’impuissance, l’amateurisme, et surtout une étonnante incapacité à entendre ce qui se passe et dans son parti, et dans la société», flingue d’emblée notre collectionneur de montre, pour qui «la semaine qui vient de s’écouler a révélé un enkystement dans l’archaïsme, un entêtement dans l’impasse qui sont proprement désespérants».
Selon le député de l’Essonne, l’initiative de proposer une «maison commune» à d’autres partis de gauche par lettre ouverte était erronée et vaine dans son contenu comme dans sa méthode. «Nos partenaires aujourd’hui caressés dans le sens du poil, ont été à l’occasion des européennes traités comme de vulgaires squatteurs, que l’on ne tolérait pas même dans le jardin de ladite maison»,s’emporte le co-fondateur le SOS Racisme.
Déplorant un «coup de comm‘ fait sur leur dos», l’élu du 91 conseille au contraire à la pasionaria de Lille de «prendre son bâton de pèlerin et se rendre successivement dans toutes les universités d’été des partis contactés, pour expliquer concrètement sa démarche et donner un signe fort d’écoute et de respect.»
Quant à la mise en demeure de Manuel Valls (de quitter le parti ou de mettre fin à ses critiques), elle est selon lui «absurde».
Julien Dray dénonce un «coup de semonce envoyé le jour de la fête nationale» et reproche à la diva du Nord d’«avoir abandonné des camarades dans la tourmente, après avoir laissé se dérouler, à Hénin-Baumont, une lutte fratricide entre socialistes dont les conséquences auraient pu être funestes. La première secrétaire tente de restaurer son autorité bien mise à mal ces dernières semaines en employant la vieille méthode de la tête de Turc, de la victime expiatoire pour l’exemple».
L’ami de longue date de Ségolène Royal«aimerait en rire mais le cœur n’y est pas». «Martine Aubry se concentre désormais sur la dénonciation publique de camarades, alors que les sujets d’actualité sur lesquels elle pourrait prendre la parole et positionner le PS ne manquent pas», accable l’ancien Coco de Noisy-le-Sec.
Petit-fils d’horloger, Julien Dray déclarait sur Europe 1, le 29 juin dernier, être un «acheteur compulsif», notamment de stylos plume. Apparemment, il a trempé le dernier dans le vitriol:«Autant se l’avouer, le bilan comme les perspectives sont sombres. Il semble bien que l’on soit réduit à boire jusqu’à la lie le calice du congrès raté de l’automne dernier. Nous n’en finissons pas de subir les conséquences de cette absence fondamentale de projet, qui fait du parti socialiste un grand corps non seulement malade, mais à la dérive. Et ce ne sont pas quelques coups de menton, qui sont autant d’aveu d’impuissance, qui y changeront quelque chose», écrit le quinquagénaire amère.
Alors que le «désarroi» et la «colère» se répandent dans les sections de militants, Dray le slameur invite les Eléphants à ne plus «se murer dans cet autisme hautain et suicidaire».
Sur la piste de danse, les coups bas son permis
Visé par une enquête de police, Julien Dray pourrait être jugé en correctionnelle à la rentrée pour des mouvements de fonds suspects d’associations, apparemment à son bénéfice, de 350.000 euros. Dans cette affaire, Martine Aubry ne lui a jamais manifesté le moindre soutien. La Ch’tie subit aujourd’hui l’aigreur et la vengeance de son cavalier blessé.
Justine Boivin
Dimanche 19 juillet 2009
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