Le phénomène du binge drinking, ou alcoolisation massive, est en expansion chez les jeunes depuis quelques années. Afin de sensibiliser le grand public aux dangers de cette pratique, la Ville de Paris a lancé fin 2009 un concours de mini-films sur le thème “The Binge. Trop boire, c’est le cauchemar“. Le 6 mai, les 6 films lauréats, jugés comme les plus convaincants, innovants et dissuasifs, ont été dévoilés, en présence notamment de Jean-Marie Le Guen, adjoint au maire de Paris chargé de la santé, de Bruno Julliard, chargé de la jeunesse et de Philippe Batel, médecin psychiatre et addictologue.
Le binge drinking est un phénomène qui touche environ un adolescent sur 4, comme l’ont montré
les résultats de la dernière enquête Escapad, réalisée auprès de près de 40 000 jeunes de 17 ans. Outre les dangers immédiats liés à l’absorption massive et rapide d’alcool, souvent fort, ce comportement fait courir d’autres risques, liés à la violence, la désinhibition, la conduite alcoolisée, etc.Les films réalisés dans le cadre du concours proposé par la Mairie de Paris -visibles dans leur ensemble
sur le site Thebinge-lefilm.com – abordent cette problématique sous différents angles, décalés, parfois horrifiques, mais cherchant de toute façon à sensibiliser aux dangers de cette pratique.Le Grand prix du jury, présidé par Chantal Lauby, comédienne et marraine du concours, a été remis à Rémi Cayuela, 26 ans, pour le film “Twist in the night“, métaphore horrifique de la cascade d’évènements possibles suite à une alcoolisation aiguë :
Le deuxième prix à été donné à Arthur Vilers, 22 ans, pour son film “Et si t’avais le choix ?“, qui montre les dérives dramatiques d’un jeune après qu’il ait bu, suite à l’incitation de ses amis, une bouteille de vodka cul sec (alcool fort qui représente désormais le linéaire le plus rentable des supermarchés,
nous rappelait le Pr. Reynaud, addictologue en décembre dernier) :
Troisième prix pour Corentin Quiniou, 24 ans, et son film “Doppelganger“, au point de départ proche de celui du précédent : une soirée entre amis débutée à la bière et au joint, puis prolongée par une prise cul sec de vodka aux conséquences horrifiques. Cette fois-ci, ce sont des filles, d’ailleurs de plus en plus concernées par ce phénomène, qui ingurgitent massivement l’alcool fort :
Le prix du public à été décerné à Steve Maire pour son film “Ecart de conduite“, qui montre une soirée se transformant progressivement en cauchemar suite à l’alcoolisation aiguë d’un jeune homme, encore une fois avec une bouteille de vodka, en soirée puis au volant d’une voiture, avec ses compagnons d’infortune… :
Alexandre Lemoine Courx (réalisateur), l’association Emergence, organisme de lutte contre les addictions et 2A PROD, structure de production Cinéma et audiovisuel, ont également été récompensés pour le film “Fête foraine“ mettant en scène une attraction alcoolisée aux conséquences terribles :
Le prix coup de coeur du jury, remis à Simon Lec’hvien, 24 ans pour son film “Jean-Michel le vampire“, joue cette fois-ci sur la manipulation facilitée des jeunes lorsqu’ils sont alcoolisés de manière excessive :
Enfin le film “Cauchemar au collège“, réalisé en noir et blanc par Jeanne Bischoff et les membres de l’atelier vidéo du collège Yvonne le Tac (Paris 18ème), a reçu une Mention spéciale du jury. Ce film met en scène une jeune collégienne en proie à d’étranges visions, dont un flash back montrera l’origine :
Que pensez-vous de ces films ? Vous paraissent-ils refléter les dérives des comportements actuels de certains ados et jeunes adultes ?
N’hésitez pas à en discuter sur notre forum dédié, et, si vous êtes parent d’un jeune de 10 à 19 ans, à répondre à notre enquête
“Les parents et les conduites à risques des adolescents“.Bien sûr, tous les jeunes d’aujourd’hui ne s’adonnent pas au Binge drinking, ou n’ont pas
un usage nocif de l’alcool. Une grande partie d’entre eux se contentent d’expérimentations ou de prises récréatives. Néanmoins ces excès inquiètent les spécialistes, en raison de leur fréquence, leurs dangers immédiats (soulignés dans ces films) et retardés (possible désinvestissement scolaire, professionnel, dépendance ultérieure à l’alcool, responsable de 40 000 décès par an, etc.).Du côté de la prévention, outre la sensibilisation par ce type de films qui seront diffusés dans les collèges et salles de concert,
la loi HPST prévoit l’interdiction de la vente d’alcool aux mineurs ainsi que la fin des open bars. L’autorisation de la publicité sur internet pour les boissons alcoolisées,
dénoncée par tous les spécialistes, n’a heureusement pour l’instant pas entraîné d’inondation de la toile par ces messages.Ce phénomène de Binge drinking va-t-il persister ou les jeunes vont-ils réaliser les dangers de cette pratique et donc canaliser leur envie ou besoin de défonce, que l’on retrouve également dans
l’augmentation de l’usage du bang pour consommer du cannabis ? Les prochaines enquêtes nous le diront…Jean-Philippe RivièreSource : “Concours The Binge – Trop boire c’est le cauchemar : présentation des 6 films récompensés par la Ville de Paris“, communiqué de presse, mai 2010 Photo : binge drinking à Paris, © HADJ/SIPAClick Here: All Blacks Rugby Jersey