La Ligue européenne contre la maladie d’Alzheimer (LECMA), une jeune association de financement de la recherche française, soutient huit projets novateurs qui visent notamment à approfondir les connaissances des mécanismes moléculaires responsables des lésions cérébrales observées dans la maladie et à identifier les molécules thérapeutiques susceptibles d’empêcher son développement. Les résultats sont attendus pour début 2016.
Huit projets novateurs lancés en 2014 soutenus par la LECMA.
La
maladie d’Alzheimer touche environ 900 000 personnes en France. Ce sont autant de familles qui se retrouvent confrontées à cette maladie neurodégénérative contre laquelle il n’existe pour l’heure aucun traitement curatif.
Alzheimer : de grandes avancées en recherche, mais toujours pas de traitement
Depuis sa découverte en 1907 par le Pr Loïs Alzheimer, la recherche et les connaissances sur cette maladie ont beaucoup progressé. Mais il aura fallu attendre les années 1980 pour qu’elles connaissent un véritable coup d’accélérateur, avec l’identification des constituants biologiques des lésions cérébrales, la protéine Aβ, dont l’accumulation forme les plaques amyloïdes, et la protéine tau, responsable des dégénérescences neurofibrillaires. “A partir de là, tout est allé très vite“, commente le Dr Maï Panchal, coordinatrice scientifique européenne de la LECMA, qui cite la découverte des mutations génétiques responsables des formes familiales (moins de 1 % des cas), la meilleure connaissance de la progression des lésions cérébrales qui n’ont rien d’aléatoire, la découverte de facteurs de risque génétiques dans les formes sporadiques qui confirment le caractère multifactoriel de la maladie, le développement de modèles expérimentaux et enfin celui de l’imagerie cérébrale. Surtout, la maladie d’Alzheimer “n’est plus un diagnostic d’exclusion mais un diagnostic de certitude grâce aux biomarqueurs dosables dans le liquide céphalo-rachidien et grâce à la TEP amyloïde qui permet de voir les lésions amyloïde du vivant du patient“, souligne la chercheuse.Pour autant, ce grand bond en avant dans les connaissances de la physiopathologie de la maladie d’Alzheimer ne s’est pas accompagné de la mise au point d’approches thérapeutiques. “Cette stagnation des approches pharmacologiques est liée au fait que mieux on comprend la maladie, plus on découvre sa complexité“. A cela s’ajoute le fait que de nombreux patients enrôlés dans des essais cliniques se sont révélés être atteints d’une autre forme de démence que la maladie d’Alzheimer. “Il ne faut donc pas jeter les molécules testées sur ces patients qui ont pu se révéler inefficaces, mais les re-tester sur des patients mieux sélectionnés“, suggère Maï Panchal, tout en soulignant que cela prendra du temps.
La LECMA, une association indépendante qui vit des dons de particuliers
Afin de pallier le manque de financements publics dédiés à la
recherche, plusieurs chercheurs décident de fonder la Ligue européenne contre la maladie d’Alzheimer (LECMA). Cette association à but non lucratif a un double objectif : poursuivre la recherche et développer l’information du grand public, dans un seul et même but : lutter contre la maladie d’Alzheimer.
Depuis sa création en 2005, 39 projets de recherche ont été soutenus, pour un montant total de 2,5 millions d’euros. Le financement est exclusivement issu de donateurs particuliers, précise le Dr Panchal. Aucun fonds public, donc, ni aucun soutien de la part d’entreprises privées. L’argent ainsi collecté est ensuite réparti en plusieurs types de subventions :
– Subventions standards pour la recherche publique d’excellence : 100 000 € pour 2 ans ;
– Formation des chercheurs de demain : attribution d’un salaire de 100 000 € sur 3 ans à un étudiant doctorant ;
– Soutien aux post-doctorants via des subventions pilotes de projet (40 000 € pour 2 ans) et des bourses de voyage (500 € par voyage) ;
– Soutien à la recherche coopérative internationale via des subventions transfrontalières avec l’Allemagne et les Pays-Bas (100 000 € sur 2 ans) et des bourses de formation avec l’Allemagne, les Pays-Bas et les États-Unis (5 000 € sur 3 mois).
Alzheimer : la LECMA soutient 8 projets novateurs en 2014
En 2013, la LECMA a retenu 8 projets, qui seront financés à hauteur de 500 000 €.
– Le premier projet, piloté par le Dr Bernadette Allinquant (Inserm, Paris), va étudier les propriétés antioxydantes de la citrulline, un acide aminé que l’on trouve quasi exclusivement dans la pastèque. “Le projet a pour but de vérifier que la citrulline agit sur le clivage en peptides amyloïdes et retarde le vieillissement“, a précisé la chercheuse. La citrulline est actuellement donnée comme complément alimentaire à des personnes âgées souffrant de problèmes de dénutrition et de sarcopénie, dans le cadre d’études cliniques. Elle serait dénuée d’effets secondaires et traverserait la barrière hémato-méningée.
– Le 2ème projet, mené par le Dr Mounia Chami (CNRS, Valbonne), porte sur le rôle de la régulation du calcium dans la maladie d’Alzheimer ;
– S’appuyant sur la découverte d’un lien entre les troubles du sommeil et l’apparition de plaques amyloïdes, le Dr Géraldine Rauchs (Inserm, Caen), cherchera à évaluer l’impact de la qualité du sommeil sur la formation des lésions cérébrales caractéristiques de la maladie d’Alzheimer ;
– De son côté, le Dr Michel Khrestchatisky (Université Aix-Marseille) va étudier le rôle d’une enzyme (une métalloprotéase) dans la neuroinflammation observée dans le cerveau des malades et voir si le blocage de cette enzyme se traduit par un arrêt de la progression de la maladie ;
– Les travaux du Dr Magalie Lecourtois (CHU Rouen) porteront sur la drosophile et chercheront à faire émerger des molécules d’intérêt thérapeutique à travers un criblage à grande échelle ;
– Un projet transfrontalier de neuroscience nutritionnelle, porté par le Pr Bart Staels, en collaboration avec le Dr Monique Muller, testera l’intérêt d’un régime aux stérols végétaux sur le déclin cognitif ;
– Renaud Nicolas, chercheur post-doctorant au CNRS de Bordeaux, testera l’IRM de diffusion sur des patients afin de savoir si cet outil d’imagerie permet d’obtenir des marqueurs plus sensibles et plus spécifiques de la maladie d’Alzheimer ;
– Enfin, le Dr Pierre Dourlen, chercheur post-doctorant à l’Institut Pasteur de Lille, mènera une étude pilote sur le lien entre le facteur de risque génétique BIN1 et la protéine tau chez la drosophile.La LECMA soutient un autre projet de recherche : mené par le Dr Virginie Desestret (Inserm, Centre de neurosciences à Lyon), il porte sur une autre maladie, l’encéphalite autoimmune, qui partage avec la maladie d’Alzheimer l’altération des synapses responsables des troubles de la mémoire. “L’encéphalite autoimmune servira de modèle pour mieux comprendre la maladie d’Alzheimer“, a expliqué le DR Maï Panchal.Les résultats de l’ensemble de ces travaux sont attendus pour début 2016.Amélie PelletierSource : Conférence de presse de la
LECMA, 11 février 2014.Click Here: Maori All Blacks Store