Depuis plusieurs années, le jeu du foulard anime les cours de récré… et les débats entre parents et professionnels, inquiets du “succès“ de cette dangereuse pratique. En effet, d’après les résultats d’une enquête IPSOS publiée aujourd’hui, 1 enfant sur 10 y a déjà joué et un enfant sur 4 a déjà vu quelqu’un y jouer.

D'après une enquête IPSOS, un enfant sur 10 aurait déjà joué au jeu du foulard

Les conséquences possibles de ce jeu dangereux – risque d’arrêt cardiaque, séquelles neurologiques, etc. – sont méconnues des enfants. C’est pourquoi l’Association de Parents d’Enfants Accidentés par Strangulation (APEAS) plaide pour une meilleure prévention, appelant notamment les pouvoirs publics à s’intéresser de près au problème.
Même pas mal !
Un enfant sur 10 a déjà joué à un “jeu“ d’apnée et d’évanouissement*… Parfois connu sous le nom de “rêve indien“, “rêve bleu“ ou “jeu de la tomate“,

le jeu dit du foulard est bien connu des jeunes écoliers : en tout, 63 %  des enfants interrogés disent connaitre de telles pratiques.
Le lieu du délit ? L’école (86 % des enfants qui disent y avoir déjà joué) bien évidemment et notamment la cour de récréation.
Les motivations ? La plupart du temps, pour faire comme les copains (50 % des enfants qui disent y avoir déjà joué au moins une fois) mais aussi parce que “c’est rigolo“ (32 % des mêmes enfants). Et 16 % d’entre eux avouent y avoir joué en quête “des effets bizarres“ associés à ces pratiques d’apnées et/ou strangulation.
Les risques ? Les adeptes du jeu du foulard n’en ont pas vraiment conscience… 51 % d’entre eux ignorent que ces “jeux“ peuvent causer la mort, 63 % ne savent pas que cela peut laisser des séquelles au niveau cérébral ou handicapé à vie (75 %). Mais à l’inverse, ceux qui n’y jouent pas, eux, affirment en grande majorité connaitre ces risques : 82 %  déclarent ne pas y avoir joué justement parce que c’est “très dangereux“.
Pour une prévention en amont
Pour Catherine Vince, vice-présidente de l’Apeas, “il faut donner des armes pour que les enfants sachent dire non, qu’ils sachent que c’est dangereux. Et pour cela, nous devons agir sur deux niveaux : d’une part faire de la prévention primaire dans tous les établissements scolaires, chaque année et d’autre part, établir des plans spécifiques dans les écoles et collèges en danger“.
Ainsi, la vice-présidente plaide pour qu’une prévention aux jeux dangereux soit inscrite aux programmes scolaires des CE2, CM1 ou CM2, “pourquoi pas dans le cadre du programme des sciences, quand l’instituteur aborde le corps humain ou les mécanismes de respiration“, propose-t-elle.  
A l’instar du problème de

 harcèlement à l’école, l’association souhaite voir le ministère de l’Education s’emparer de la question.
Par ailleurs, l’association déplore le manque d’investissement des pouvoirs publics sur cette question, alors même que ces jeux seraient responsables de plus d’une vingtaine de décès par année… au minimum :pour les décès des enfants, il n’y a que 4 catégories existantes : maladie,

suicide,

accident domestique ou homicide. Conséquence, les chiffres manquent et ne permettent pas de mesurer l’ampleur du phénomène.C’est pourquoi l’APEAS insiste sur la nécessité d’une étude épidémiologique permettant d’avoir des réelles données chiffrées, de suivre l’évolution du phénomène et ainsi, mieux le combattre. “Le ministère de la Santé pourrait commander une étude à l’Invs“, propose le Dr Bertrand Chevalier, chef du service pédiatrie à l’hôpital Ambroise Paré, “comme cela a pu se voir sur le dossier des morsures de chiens sur les enfants. Cela nous permettrait de mieux cibler les messages de prévention“.
Mieux informer et former
Pour le moment, divers membres de l’association s’affairent à former instituteurs, directeurs d’école, gendarmerie, etc. de manière à ce que chacun puisse repérer, en amont, les signaux d’alerte. Mais les médecins aussi doivent être mieux informés, “car les enfants adeptes de ces jeux dangereux peuvent exprimer divers symptômes : troubles de l’équilibre, troubles de l’attention, maux de tête..“, explique le chef de service. Or, les médecins n’associent pas forcément ces symptômes aux jeux d’apnée. C’est pourquoi il est important aussi que les médecins – généralistes, pédiatres, scolaires- soient aussi informés et formés, pour réagir plus promptement“.
Et bien évidemment, les parents ont eux aussi un rôle à jouer : simplement en abordant ce sujet avec leur enfant pour lui en expliquer simplement les dangers. A partir de quel âge ? D’après cette enquête, certains enfants en entendent parler dès l’école maternelle mais plus généralement, c’est à l’école primaire que ce jeu se popularise.* L’enquête réalisé entre le 29 novembre et 8 décembre 2011 a été financé par le ministère de la Santé et a été réalisé auprès d’un échantillon représentatif de 1.012 enfants de 6 à 15 ans.Yamina Saïdj
Source : Conférence de presse de l’APEAS, 26 janvier 2012
Photo : Cour d’un collège – Clamart © DURAND FLORENCE/SIPA

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