Les six responsables de l’association France Hypophyse et de l’Institut Pasteur mis en cause dans le décès de 117 enfants traités par hormone de croissance ont tous été relaxés le 14 janvier par le tribunal correctionnel de Paris, suscitant la colère des familles des victimes.
L’hormone de croissance, prescrite dans les cas de retards importants de croissance de l’enfant, était prélevée sur l’hypophyse de personnes décédées jusque dans les années 90, avant la mise au point de l’hormone de croissance synthétique. Les 117 décès, à ce jour, sont liés à des prélèvements d’hypophyses humaines effectués dans les années 80 par l’Association France Hypophyse sans prendre les précautions nécessaires, et à des stérilisations insuffisantes de l’hormone par l’Institut Pasteur. Ces défauts de prélèvements et de traitement de l’hormone de croissance humaine ont entraîné la contamination de nombreux enfants par le virus du prion, responsable de la maladie de Creutzfeld Jacob (dégénérescence du système nerveux central entraînant la mort). En conséquence une action en justice est menée depuis 1991 par les familles de victimes pour faire reconnaître les fautes et condamner les présumés coupables au pénal. A l’inverse, la défense mettait en avant la méconnaissance de cette maladie et de son mode de transmission, du moins à cette époque. Le parquet a donc préconisé une condamnation des 6 médecins et pharmaciens poursuivis pour homicide involontaire ou tromperie, mais le Tribunal correctionnel de Paris a prononcé le 14 janvier une relaxe générale, arguant du manque de certitudes scientifiques, à l’époque, sur les risque de contamination de la maladie de Creutzfeldt-Jakob (MCJ). Pourtant, comme le souligne le site internet du journal Le Monde, 58 % des cas mondiaux de MCJ liés à l’injection d’hormone de croissance contaminée sont en France. Une proportion qui accréditerait la thèse d’un dysfonctionnement propre à notre pays…Après 17 années d’une interminable et pénible procédure, cette décision sucite évidemment la colère des associations, en particulier le président de l’Association Française des Transfusés, Olivier Duplessis, qui souligne dans un communiqué que cette décision constitue un “mépris insupportable“ pour les victimes, ce qui traduit “l’impunité systématique des scandales sanitaires“, en allusion au non-lieu général prononcé dans l’affaire dite du sang contaminé (dons de sang non chauffés et donc vecteurs potentiels du sida).Source : lemonde.fr – 14 janvier 2009
Photo : CHAMUSSY/SIPA
Actualisation 15 janvier : le procureur de la République a annoncé faire appel de la relaxe de trois des accusés contre lesquels il avait requis une condamnation à des peines de prison avec sursis, ce dont se félicite Jeanne Goerrian, présidente de l’Association des victimes de l’hormone de croissance.