A l’occasion de la remise du Palmarès Prescrire 2014, un débat public autour du prix des nouveaux médicaments a réuni, comme chaque année, des participants d’horizons très divers. Selon la revue indépendante Prescrire, le prix de certains nouveaux médicaments est trop élevé, au point de menacer l’accès aux soins. Quelques extraits sur les raisons de ces coûts élevés et les alternatives pour inverser la tendance.

Les nouveaux médicaments sont-ils trop chers ?

Pour la revue Prescrire, “le prix exorbitant de certains médicaments menace l’accès aux soins, y compris dans les pays industrialisés“. C’est le cas du prix de nombreux médicaments anticancéreux et des nouveaux antiviraux contre l’

hépatite C. Prescrire a donc organisé un débat pour expliquer comment on en est arrivé à cette situation et pour explorer les alternatives.Hépatite C : des médicaments hors de prixL’arrivée fin 2013 des nouveaux antiviraux d’action directe (AAD), bien plus efficaces et avec beaucoup moins d’effets indésirables que le traitement classique avec

interféron a suscité un nouvel espoir pour les patients atteints d’hépatite C, et pour les prescripteurs. Mais les prix fixés pour ces médicaments sont exorbitants.Pour Marianne L’hénaff, représentante des collectifs interassociatifs TRT-5 et Collectif hépatites virales (CHV), “s’ils sont bien plus efficaces et mieux tolérés, ils ont une grande toxicité : leur coût“. Pour cette intervenante, ces médicaments hors de prix conduisent à une restriction de l’accès aux soins et à des discriminations.

La polémique du coût des AAD n’arrête pas de faire des remous  et Marianne L’hénaff en a rappelé l’historique de la négociation du prix du

sofosbuvir (

Sovaldi®), premier AAD à être disponible sur le marché. Selon l’intervenante, “en acceptant une trop faible baisse du prix du traitement (de 56 000  euros pour une cure de 12 semaines initialement  à 41 000 euros après négociation), l’Etat contribue à tirer vers le haut le coût de ce médicament et d’autres arrivés depuis, et cautionne de ce fait une stratégie de monopole du laboratoire fabriquant le sofosbuvir“. “Cela restreint l’accès aux soins et conduit à des discriminations“ ajoute cette intervenante. Car, elle rappelle que les autorités n’ont pas suivi les recommandations du

rapport Dhumeaux publié en mai 2014 et qui préconisait des indications plus larges des AAD que celles retenues par les autorités.Mais “il y a un espoir contre ce monopole : la concurrence qui arrive“, conclut Marianne L’’hénaff.Pourquoi les médicaments sont-ils si chers ?Les raisons pour expliquer les coûts de plus en plus élevés des nouveaux médicaments sont nombreuses et les mécanismes complexes. Marc-André Gagnon, Professeur adjoint en politique publique à l’Université Carleton (Ottawa, Canada) a exposé dans le détail tous les rouages qui expliquent pourquoi les prévisions américaines estiment que, d’ici 2020, les dépenses totales en médicaments vont quadrupler.Pour simplifier, selon cet expert,  l’industrie du médicament surestime le coût de la recherche et développement (R&D) nécessaires pour arriver à l’autorisation d’un nouveau médicament de spécialité car dans leur calcul ne sont pas pris en compte notamment les aides publiques de crédit d’impôts. Ainsi le coût réel de R&D pour un médicament serait le quart de ce qui est annoncé par les fabricants. Une autre raison est le fait que les laboratoires se tournent tous vers la production de médicaments dits “de niche“, c’est-à-dire, utilisés pour des

maladies rares ou dans le cadre de traitements dits “personnalisés“ dans les

cancers par exemple. Ce marché de médicaments de niche est donc en pleine expansion et le fait de cibler très précisément une molécule est utilisé comme argument pour négocier des prix très élevés. En outre, le nombre des médicaments visant à traiter une même indication se multiplie de plus en plus et les prescriptions hors-indications représentent 50 % des prescriptions en oncologie aux Etats-Unis.Du coup, selon l’expert, “le fait que les autorités signent un chèque en blanc aux industriels pour la fixation du prix des médicaments de niche met en danger la pérennité des systèmes de santé“. Et de conclure que, “en attendant, il est important de rappeler que, pour les patients, un traitement inabordable n’est pas plus efficace qu’un traitement qui n’existe pas“.Sortir de l’impasse créée par la situation de monopolePour Gaëlle Krikorian, sociologue spécialisée dans la propriété intellectuelle notamment dans le domaine pharmaceutique, “si les firmes pharmaceutiques sont devenues les maîtresses du jeu en matière de fixation des prix c’est parce qu’elles sont en situation de monopole qui leur donne des droits d’exploitation exclusifs et interdit toute production de génériques moins chers pendant des années“.Selon cette intervenante, pour sortir de ce monopole qui multiplie par 10 le prix que la collectivité paye pour les nouveaux médicaments, il serait nécessaire de rééquilibrer le rapport de forces entre les intérêts particuliers et l’intérêt général. Elle préconise “de limiter l’impact économique de la propriété intellectuelle des brevets en développant la recherche financée par des fonds publics“. “Seul un vrai partage entre le privé et le public nous permettra de sortir de l’impasse“, affirme-t-elle.Dr Jesus CardenasSource : Conférence débat organisé par Prescrire le 29 janvier 2015 dans le cadre de la remise des Palmarès Prescrire 2014 : « Prix des nouveaux médicaments : quelle logique ? ».Pour connaître les médicaments lauréats du Palmarès Prescrire 2014, consultez

le site de Prescrire.Click Here: cheap sydney roosters jersey

Leave a Reply