Primé à Cannes dans la catégorie Un Certain Regard, Les Colons retrace la colonisation du Chili dans une fresque historique aussi intense que cruelle. Un film inspiré des plus grands westerns modernes, dès le 20 décembre au cinéma.

Une fresque historique, sublime et glaciale, en pleine Terre de Feu

Terre de Feu, République du Chili, 1901. Un territoire immense, fertile, que l’aristocratie blanche cherche à “civiliser”.

Les Colons

Sortie :

20 décembre 2023

|
1h 37min

De
Felipe Gálvez Haberle

Avec
Camilo Arancibia,
Mark Stanley,
Benjamin Westfall

Presse
3,6

Spectateurs
3,6

Séances (187)

Pour déposséder les populations locales de leurs terres et ouvrir une route vers l’Atlantique, trois cavaliers sont engagés par un riche propriétaire terrien : un ancien lieutenant de l’armée britannique (Mark Stanley), un mercenaire américain (Benjamin Westfall) et un jeune métis chilien (Camilo Arancibia).Témoin des méthodes brutales de ses deux compagnons, ce dernier va découvrir le prix de la construction d’une nation, celui du sang et du mensonge.

Capturées dans les étendues sauvages et glaciales de la Terre de Feu, les images qui composent la première heure des Colons sont autant de tableaux d’époque structurés avec soin par le jeune réalisateur Felipe Galvez Haberle. Chaque figurant, chaque détail et chaque lumière semblent choisis en accord avec les grandes lignes de l’Histoire pour représenter la vision d’une période de colonisation fantasmée par l’Homme blanc.

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Mais bien vite, ce vernis tableau se craquelle pour révéler un propos des plus engagés. Loin d’être un “simple” western moderne, le film de Felipe Galvez Haberle prend le parti de réécrire l’Histoire officielle de son pays pour informer ses contemporains d’une réalité macabre trop souvent occultée.

La représentation inédite d’un épisode historique cruel et méconnu

D’origine chilienne, Felipe Galvez Haberle s’est fait connaître à Cannes en 2018, où son court-métrage Rapaz n’avait pas manqué d’attirer l’attention et d’ouvrir le débat sur la frontière entre justice et violence, quitte à entrer dans le registre polémique.

Aujourd’hui, le cinéaste est curieux de savoir comment son premier long-métrage, Les Colons, choisi pour représenter le Chili lors de la prochaine cérémonie des Oscars, va être reçu par le public. “J’ai un peu le sentiment, avec ce film, d’avoir lancé de nouveau une bombe, explique-t-il. Rapaz, mon précédent court-métrage, primé à la Semaine de la Critique, avait fait polémique. Et cela va être un peu la même chose, les mêmes discussions ou prises de position qui vont revenir.

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Au dernier Festival de Cannes, Les Colons a conquis la fédération internationale de la presse cinématographique (FIPRESCI), obtenant ainsi son prix Un Certain Regard. Mais le réalisateur doute que son engagement soit du goût du tous. “L’histoire du film ne fait pas partie de l’histoire officielle du Chili, poursuit le cinéaste. Elle ne figure pas non plus dans les programmes scolaires. Je ne connaissais rien du génocide des Indiens Selk’nam, appelés Onas par les blancs, dans notre pays. Je l’ai découvert en lisant un article, il y a quinze ans, qui mentionnait cette réalité cachée du génocide.

Paradoxalement, les Selk’nam au Chili font aujourd’hui partie de l’imagerie populaire. Vous allez à l’aéroport, vous trouverez des poupées Selk’nam, du chocolat, du vin à leur effigie. Ce qui m’intéresse dans tout cela et à travers le film, c’est de comprendre comment cette histoire est désormais entrée dans l’imaginaire national, alors que cette population a quasiment disparu. Le film part de ce constat, de cette contradiction.

Refusant de se soumettre à la mise en scène imposée par le colon blanc, Felipe Galvez Haberle propose avec son premier long-métrage une vision jusqu’alors occultée du massacre sur lequel la nation chilienne repose. Merveille cinématographique au poids historique inédit, Les Colons est à découvrir au cinéma dès le 20 décembre.